Les couleurs de Monet
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Claude Monet, Coin d'atelier, 1861 |
L'art impressionniste est fondé sur l'utilisation de la couleur,
qui doit à elle seule "dessiner" le motif sans recours à la
ligne.
Au début de sa carrière, Monet emploie des couleurs sombres, comme dans le Coin d'atelier marqué d'ombres noires. Sa peinture évoque l'école réaliste dominée par Courbet. A partir de 1860, Monet abandonne les couleurs sombres et travaille avec une palette limitée à des couleurs claires pures. En 1905, il écrit, en réponse à une question de son marchand de tableau : "Bref, je me sers de blanc d'argent, jaune cadmium, vermillon, garance foncée, bleu de cobalt, vert émeraude. Et c'est tout." L'analyse des couleurs a permis d'identifier les couleurs et le liant de la peinture : de l'huile de pavot et de l'huile de lin. La première sèche plus lentement et jaunit moins, on la retrouve notamments dans certains empâtements blancs. |
La question du noirLe noir pur est rare chez les impressionnistes. Monet obtient souvent une apparente noirceur en combinant diverses couleurs vives : des bleus, des verts et des rouges. Il élimine presque totalement le noir de sa peinture, même dans les ombres, comme celles violettes des Bateaux de plaisance à Argenteuil. Ce parti pris d'éviter l'emploi du noir est tellement ancré dans la manière de Monet qu'à sa mort, son ami Georges Clemenceau retira le drap noir qui devait recouvrir le cercueil entre la maison et l'église, en s'écriant : "Non ! pas de noir pour Monet." Il le remplaça par une étoffe aux couleurs des fleurs que le peintre aimait. |
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Les couleurs vues par un oeil maladeEn 1908, à 68 ans, Monet est atteint de cataracte aux deux yeux, il commence à perdre la vue. On trouve les premiers signes de cette cataracte dans les peintures de Venise en 1908. Une cataracte est une opacité progressive du cristallin qui filtre les couleurs. À mesure que la cataracte évolue, les blancs deviennent jaunâtres, les verts, jaune-vert et les rouges, orangés. Les bleus et les violets font place aux rouges et aux jaunes. Les détails s'estompent, les contours disparaissent pour devenir un peu flous. Quand sa vision des couleurs s'altère, Monet continue de travailler. Le peintre repère les teintes d'après les étiquettes des tubes et l'ordre immuable dans lequel il les dispose sur sa palette. « Ma mauvaise vue signifie que je vois tout comme au travers dun brouillard », écrit-il. « Cest tout de même très beau, et cest ce que jaimerais pouvoir représenter. » |
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Claude Monet, Le Bassin aux Nymphéas, 1899 |
Monet a l'habitude de peindre vraiment ce qu'il voit. Peu à peu
ses peintures ont des teintes qui s'accentuent dans les rouges et les jaunes.
Les détails s'estompent également. Les bleus ont tendance à
disparaître.
Quelques tableaux qui représentent le même motif permettent de se rendre compte des effets de la cataracte sur Monet, par exemple « Le Pont japonais à Giverny le Bassin aux Nymphéas », réalisé l'un en 1897, l'autre en 1923. Une fois la cataracte de son meilleur il devenue mûre, les contours deviennent de plus en plus imprécis et les détails disparaissent. Monet ne voit plus les teintes froides, les violets et les bleus disparaissent au profit des rouges. |
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En 1914, Monet commence à peindre des tableaux sans effet de perspective probablement parce que son acuité visuelle binoculaire, qui donne la sensation du relief, est très diminuée. Sa perception des couleurs est également faussée. « Je ne voyais plus les couleurs avec la même intensité », écrira-t-il plus tard. « Les rouges avaient perdu leur éclat, les roses étaient insipides et les couleurs intermédiaires et les tons froids méchappaient. » Au cours des années qui suivent, l'il gauche de Monet perd progressivement son acuité et, à lété de 1922, sa vue a tellement baissé quil doit cesser de peindre. Il est alors presque aveugle. Toutefois, il finit par céder à la pression de son grand ami Georges Clemenceau, et consent à se faire opérer d'un oeil. Après deux interventions chirurgicales en janvier 1923, et grâce au port de lunettes spéciales, Monet recouvre l'usage de l'oeil droit. Le verre correcteur est teint en vert pour rectifier la vision des couleurs. Mais Monet subit diverses séquelles de lopération : la perturbation de la vision des couleurs, la vision double, et la distorsion des images visuelles. Il refuse lopération de la cataracte de lil gauche.
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Claude Monet, La maison vue du jardin aux roses, 1922-1924 |
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Monet recommence à peindre dès 1923. La maison
vue du jardin de roses témoigne de son opération. Dans cette
série, Monet a tantôt peint avec son il atteint de cataracte
- tout est rouge, le ciel est jaune - et tantôt avec son il
opéré - tout est bleu ou de couleur froide.
Je vois bleu, je ne vois plus le rouge, je ne vois plus le jaune ; ça m'embête terriblement parce que je sais que ces couleurs existent; parce que je sais que sur ma palette il y a du rouge, du jaune, il y a un vert spécial, il y a un certain violet ; je ne les vois plus comme je les voyais dans le temps, et pourtant je me rappelle très bien les couleurs que ça donnait. Malgré ce handicap, Claude Monet continue de peindre jusqu'en 1926, quelques mois avant sa mort.
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Les couleurs de Monet vues par une illustratriceBijou Le Tord est l'auteur du livre 'A Blue Butterfly' (Un papillon bleu) qui raconte l'histoire de Claude Monet aux jeunes enfants.
"Pendant le voyage que j'ai fait à Paris et à Giverny pour
préparer ce livre, rien de ce que j'avais vu ou ressenti ne me
préparait à ce que j'allais rencontrer au Musée de
L'Orangerie à Paris. Une partie de ce musée a été
construite pour abriter les Grandes Décorations, aujourd'hui connues
dans le monde entier. |
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© A. Cauderlier,
38 route de Giverny 27200 Vernon France,
Responsable de Publication.
Modifié le : Wednesday, 25-Oct-2006 13:42:25 EDT